vendredi 31 janvier 2014

L’historien face au numérique : d’une découverte progressive à une adaptation nécessaire et utile (Bilan final)



Depuis quelques années et le développement d’internet, les technologies numériques sont de plus en plus utilisées (y compris bien sûr par moi) dans le cadre d’une recherche scientifique quelle soit historique ou non. En effet, depuis un vingtaine d’années, les acteurs sociaux produisent de plus en plus d’informations numériques. Créant ainsi un environnement numérique de plus en plus important : les «  digital humanities ». Bien que j’utilisais déjà un peu l’informatique et les technologies numériques dans ma propre recherche scientifique, ce séminaire m’a permis de mieux comprendre l’utilité et les enjeux liés à cette utilisation.

  La question du numérique est quand même assez complexe et met en place plusieurs enjeux que nous avons vus, explorés et discutés tout au long du séminaire.
Il y a évidemment l’interrogation de la préservation et de la conservation qui est un véritable enjeu, de l’avenir physique des bibliothèques, de l’espace. Comment traiter physiquement le papier grâce au numérique ? Comment mieux trouver l’information.
Développement d’un accès de plus en plus libre à l’information par le numérique mais qui peut se révéler être en quelque sorte une illusion. En effet, cet accès libre entraîne des inégalités avec notamment une plus importante gratuité pour les étudiants que pour le grand public. 
On peut aussi donc simplement se demander : pourquoi et à quoi sert vraiment le numérique ?
Le numérique peut notamment nous permettre de découvrir, de trouver des informations auxquelles on n’aurait certainement pas pensé sans. Également, grâce au numérique, le chercheur se retrouve moins isolé et moins passif. Développement plus important d’un travail collaboratif (à deux ou à plusieurs). La communication devient de plus en plus multimodale avec les réseaux sociaux et cela est progressivement intégré au processus de recherche.
Tout cela entraine une sorte de démocratisation voir de désenclavement de l’histoire avec une participation plus importante de l’historien qui devient acteur. Cependant, il faut faire très attention aux risques de noyade dans l’immensité de l’information numérique.
D’autres questions sont soulevées sur le fait notamment de savoir si le numérique est un simple genre ou une vraie révolution.
On voit, en tout cas, de plus en plus de relations entre les trois acteurs principaux au cœur de la question du numérique. Les historiens se mettent maintenant directement à créer des informations numériques. Les bibliothèques également qui détiennent la documentation analogique veulent mettre en place des politiques de numérisation. Enfin un dernier acteur qui peut éventuellement être le public (exemple de la bibliothèque du Congrès qui numérise tous les tweets).  
La notion de support pour la conservation est aussi essentielle car les documents numériques ont besoin de serveurs qui ne sont bien sûr pas gratuits. On peut dire aussi que potentiellement il est possible de tout conserver et de tout numériser.
On peut évoquer aussi la manière nouvelle dont on cherche l’information numérique (moteurs de recherche, recherche pertinente par mots-clés). Nécessité de faire attention au caractère massif des articles et des ressources que l’on peut trouver en ligne. Mais également, dans un dernier temps, on constate la question des documents en Open source et des nombreux débats autour des droits d’auteur et du Copyright pour protéger le travail d’un individu et sa propriété intellectuelle. Mais aussi, et c’est un autre problème qui est quand même lié, la volonté pour les sociétés commerciales de garder un certain monopole. L’historien devient ainsi un utilisateur de cela tout en étant également un producteur.
Tous ces questionnements et ces argumentations sont à prendre en compte lorsque que l’on s’intéresse aux humanités numériques et c’est ce que je suis parvenu à assimiler tout au long du séminaire.

  De son coté, le mode de fonctionnement du séminaire s’est révélé pour moi très intéressant avec la création de son propre blog pour faire partager son travail et ses billets à un grand nombre de personnes en plus des participants à ce séminaire. Il était possible également par ce biais de suivre les publications et les travaux des autres participants pour s’en inspirer, les critiquer ou pour se placer intellectuellement en rapport à eux. J’avais déjà utilisé et publier sur un blog de ce style mais je n’avais encore jamais crée et alimenté mon propre blog. J’ai trouvé assez intéressant voir amusant de mettre en place le blog dont on a envie que ce soit au niveau du design (couleur, organisation générale, disposition et agencement des signets) mais aussi au niveau des publications. Des publications certes en rapport au séminaire, à l’histoire numérique et aux outils liés mais qui permettait je trouve une assez grande liberté de manœuvre.
On peut également évoquer la mise en place d’un travail encore plus collaboratif avec un compte Twitter. Ceci a été adopté pour informer ceux qui nous suivent de nos publications ainsi que pour faire partager les sites ou encore les publications extérieurs que l’on a trouvé et qui peuvent se révéler utiles. L’utilisation du Hashtag (Histnum) a rendu plus facile l’accès aux tweets en les affichant directement sur le blog du séminaire ce qui évite de se rendre à chaque fois sur Twitter pour consulter les tweets en rapport avec ce cours.

  L’autre grand apport de ce séminaire, qui fut dans l’ensemble assez nouveau et indispensable pour moi, est la découverte de tous ces outils en ligne.
Le test de ces nombreux outils a permis d’abord évidemment de les découvrir alors que pour la plupart d’entre eux je ne les connaissait pas. Une fois cette découverte effectuée, il était ainsi possible de constater ceux qui pour nous se révèlent les plus pertinents ou intéressants mais surtout ceux qui nous paraissent les plus adaptés et que l’on peut s’approprier dans notre propre recherche.  
Je ne vais pas dans ce billet revenir sur tous les outils découverts, testés, utilisés mais je vais cependant ressortir quelques outils intéressants et qui sont essentiels à mes yeux.
Dans un premier temps, les outils de gestion bibliographique sont ceux qui ont retenus le plus mon attention et qui sont pour moi les plus utiles dans la recherche scientifique.
Au cours du séminaire, j’ai utilisé et mis en avant le site Librarything. C’est une sorte de réseau social et d’outil pour cataloguer des livres. On peut y créer son propre catalogue avec les livres pouvant nous intéresser, qu’on a consulté ou que l’on a lu. On peut mettre en commun son catalogue en ligne pour communiquer avec d’autres utilisateurs par différents moyens. On peut rechercher des livres par titres, par auteurs ou encore par mots-clés. On gère ensuite sa bibliothèque tout en consultant éventuellement les critiques sur les livres. Cependant un site qui est limité car il ne gère que les livres donc je pense qu’il est utile également d’utiliser en plus Zotero. Ce dernier est un logiciel plus complet car l’on peut ajouter n’importe quel type de document en cliquant sur l’icône à coté de son adresse. Il est aussi possible de lier les ouvrages entre eux ou encore de prendre des notes sur ces livres. D’autres fonctionnalités utiles comme transformer une référence bibliographique dans le format souhaité et ajouter une note en tant que référence. Mais aussi bien sûr mettre en place un travail plus collaboratif avec la création de groupe pour partager des références bibliographiques. Possibilité également de travail hors ligne en installant l’application Zotero.
Il y a d’autres outils que j’ai plus particulièrement explorés et dont on peut rapidement parlé. Notamment le site de partage et d’annotation sur le Web : Delicious. C’est donc principalement un service gratuit dans le but de sauvegarder puis de partager des liens (grâce à son URL) ou des marque-pages internet qui nous intéressent sur le web et que l’on veut facilement retrouver. Il offre également la possibilité de constituer une collection de liens et à créer son propre moteur de recherche personnel. L’organisation des liens permet de les trouver rapidement lors d’une recherche. On peut aussi citer les logiciels pour trier l’information comme TagCrowd, les outils de Mind-mapping (bubbl.us, the Brain, XMind…) et les sites Web historiques sur le principe d’hypertexte consultés (entre autres : Los Angeles and the Problem of Urban Historical Knowledge, Hypertext History: Our Online American History Textbook ou encore History Wired: A Few of Our Favorite Things).

  L’analyse et surtout la progressive utilisation des ces outils ont pas mal changé ma manière de fonctionner et de mener ma recherche. J’utilise encore du papier pour prendre des notes notamment lors des cours, je consulte des ouvrages et sources physiques. Cependant, j’ai de plus en plus tendance à rechercher les références numériques ou alors de numérisés certains documents papier pour les avoir disponibles sur mon ordinateur. Également lorsque je prends des notes sur les livres, les sources ou les archives que je consulte ; je prends des notes ou y ajoute des commentaires directement sur mon ordinateur.
Je pense aussi par ailleurs que le numérique rend la recherche plus ludique, plus claire et quand même plus facile. A la condition évidemment d’utiliser une méthode de recherche appropriée pour ne pas se perdre dans la masse d’informations numérique et d’outils disponibles sur le Web.

  En guise de conclusion, je pense faire parti des historiens qui utilise beaucoup internet et les humanités numériques dans leur vie au quotidien car ayant commencé plutôt jeune mais encore assez peu dans leur recherche scientifique et historique. En effet, j’utilise encore des méthodes analogiques et des versions papier. Cependant, je pense que cela va progressivement de plus en plus s’estomper. Je pense être encore dans une importante phase de découverte et d’appropriation de ces techniques tout en commençant à m’adapter à certains mécanismes et outils du numérique. J’espère bien sûr ne pas me perdre dans cette utilisation importante du numérique grâce aux clés de lecture et aux analyses développées au cours du séminaire.
Enfin comme l’évoque Donald Schon, je pense être en train (en quelque sorte) de mener une expérience ou une expérimentation pour découvrir, comprendre, utiliser et s’approprier les techniques mais aussi le fonctionnement du monde du numérique.

dimanche 5 janvier 2014

Mission 5 : Analyse critique et discussion d’un site Web historique


Site choisi pour l’analyse : http://historywired.si.edu/index.html

Le site qui a donc attiré mon attention après la visite des sites proposés est History Wired: A Few of Our Favorite Things.

Description générale du site :

C’est un site expérimental de la Smithsonian Institution dans le but d’initier les visiteurs à certains des trois millions d'objets détenus par le Musée national d'histoire américaine : The Behring Center.
Le but est donc de présenter des objets parfois insolites de la collection qui ne peuvent pas tous être exposés dans le musée.
En effet, il y a moins de cinq pour cent de la vaste collection sur l'affichage public dans les salles d'exposition du musée.
Donc ce genre de site est mis en place et développé pour mettre en avant la richesse de la collection du musée en ligne.
De plus dans ce site, on trouve 450 objets sélectionnés par les conservateurs à travers le musée. Il comprend des éléments célèbres, insolites ou de tous les jours mais qui ont des histoires intéressantes à raconter. Ils ne sont pas forcément destinés à être représentatif de l'ensemble de la collection du Musée.

La conception et la navigation sur le site ont été fournies par Martin Wattenberg et SmartMoney.com.
History Wired peut donc être assimilé à une visite privée et virtuelle à travers les zones de stockage du musée. Les visiteurs peuvent sélectionner les objets qui les intéressent et consulter les informations principales sur ces articles.
Pour ce qui est du nom du domaine, il s'agit de .edu .

Aspect de la page d’accueil du site :



Fonctionnement du site et mode de navigation :

Comme on peut le voir, le site est assez complexe.
D’abord chaque objet est représenté par une case (un carré ou un rectangle) et sa taille est proportionnelle au nombre de remarque laissées par les visiteurs.
Comme c’est une carte interactive, lorsque l’on place le curseur sur une case, on a une description générale de l’objet en une ou deux lignes, sa date ainsi qu’une éventuelle photo.

Les objets sont classés selon 11 grandes différentes catégories. Mais on trouve également des sous thèmes que l’on peut librement sélectionner.
Ainsi lorsque l’on passe le curseur sur une case, on voit apparaitre des liens vers les sous thèmes correspondants et les plus pertinents de l’objet. On peut aussi cliquer sur un sous thème et voir les cases correspondantes surlignées en orange.
Possibilité également de faire une recherche chronologique. C’est à dire qu’au fur et à mesure que l’on déplace le curseur du temps sur la frise, les cases se surlignent progressivement en gris selon la date de l’objet.
La chronologie des objets va de 1400 à 2000.
On peut aussi zoomer sur une zone précise de la grille pour voir les cases de plus près.
Il est également possible de rechercher un objet précis en le rentrant dans la rubrique « recherche ».
Cependant, malgré ces fonctionnalités, ce site est resté au stade expérimental et donc comporte un certain nombre de défauts et problèmes.


Analyse critique du site :

D’abord pour accéder au site on rencontre déjà un problème. En effet, le site ne nécessite pas d’inscription quelconque mais comporte une application non signée. Il faut donc accepter une autorisation d’exécution et posséder une version à jour de java pour rentrer sur le site.

D’autre part lorsque l’on double clic sur la case d’un objet ou que l’on clic sur « en savoir plus sur cet objet », la fenêtre de description ne s’ouvre pas automatiquement d’elle même. Il faut donc aller chercher cette description par soi même.

Pour cela il faut passer par la version « Text Only » et ainsi avoir accès à tous les objets classés par catégories mais cette fois en version texte.

Exemple pour la catégorie « vêtement » (clothing)



Ensuite pour ce qui est de la fiche détaillé d’un objet on se rend compte, lors de sa consultation, qu’elle reste assez limitée et brève.
On peut y voir une description de l’objet et de son éventuel possesseur sous la forme d’un petit paragraphe d’une dizaine de ligne. Il y a également la présence de quelques notes complémentaires.
Il a quand même parfois quelques informations complémentaires et plus poussées sur l’objet mais toujours sous forme de textes assez courts et brefs.
On peut aussi consulter et télécharger des documents audio s’il y en a. Enfin on peut évaluer l’objet avec une note entre 0 et 10 pour savoir comment cet objet est perçu par les visiteurs du site et quels types sont les plus appréciés.  

On peut mettre en avant certains objets et différents thèmes.

Le premier exemple dans la catégorie « clothing » (évoquée plus haut) avec la fiche sur la robe inaugurale de Jacqueline Kennedy :




Autre exemple que l’on peut mettre en avant cette fois dans la catégorie « sports » avec la fiche sur la raquette de tennis de Chris Evert.




On peut donc voir dans ces deux exemples les différences qu’il peut exister entre les fiches des objets. On peut avoir un objet très bien détaillé et un autre avec une description vraiment très succincte.

On voit donc bien ici le côté déséquilibré de ce site et bien sur son côté évidemment expérimental.   


Synthèse et conclusion :

Pour conclure sur ce site, on peut dire que ce genre de travail présente quand même des avantages.
Grâce aux ressources virtuelles, il est possible de gérer et générer du contenu sans contraintes de montage ou d’édition.
Mais aussi, on ne fait pas attention à l’échelle et à l’organisation que nécessite ce travail dans le musée.
On peut consulter le site de la manière que l’on veut et autant de fois que l’on veut. Possibilité également de copier un texte ou un article et de l’imprimer mais pas non plus à des fins commerciales.
Des pages qui sont pensées et conçues par des professionnels (directeurs artistique, superviseurs de production, photographes).
De plus, si on recherche ce site avec Google il très facilement trouvable et apparait en premier de façon claire.

L’analyse et la critique faite sur ce site peut donc nous emmener à mettre en avant le point de vue de Kelly Schrum dans son article "Surfing for the Past : How to Separate the Good from the Bad," AHA Perspectives (May 2003).
Elle met en avant l’importance de critiquer les ressources en ligne et d’évaluer des sites Web (historiques).

Exemples de questions à se poser pour réaliser à bien ce travail :

La question de l’auteur ou du créateur de la ressource en ligne (Qui a créé ? Qui héberge ? Quel est le nom du domaine ?)
Quel est le but du site ?
Qui est le public visé ?
Les sources sont-elles bien documentées ?
Y a-t’il une bonne orthographe et grammaire ?
A-t-on accès à des liens vers d’autres sites ?
Quelle est la crédibilité du site ?

Un travail qui est on ne peut plus utile et essentiel (comme celui que nous venons de faire) dans le but de savoir comment appréhender, consulté et utilisé un site Web.