Depuis quelques années et le
développement d’internet, les technologies numériques sont de plus en plus
utilisées (y compris bien sûr par moi) dans le cadre d’une recherche
scientifique quelle soit historique ou non. En effet, depuis un vingtaine
d’années, les acteurs sociaux produisent de plus en plus d’informations
numériques. Créant ainsi un environnement numérique de plus en plus important :
les « digital humanities ». Bien que j’utilisais déjà un peu l’informatique
et les technologies numériques dans ma propre recherche scientifique, ce
séminaire m’a permis de mieux comprendre l’utilité et les enjeux liés à cette
utilisation.
La question du numérique est quand même assez complexe et met en place
plusieurs enjeux que nous avons vus, explorés et discutés tout au long du
séminaire.
Il y a évidemment l’interrogation
de la préservation et de la conservation qui est un véritable enjeu, de l’avenir
physique des bibliothèques, de l’espace. Comment traiter physiquement le papier
grâce au numérique ? Comment mieux trouver l’information.
Développement d’un accès de plus
en plus libre à l’information par le numérique mais qui peut se révéler être en
quelque sorte une illusion. En effet, cet accès libre entraîne des inégalités
avec notamment une plus importante gratuité pour les étudiants que pour le
grand public.
On peut aussi donc simplement se
demander : pourquoi et à quoi sert vraiment le numérique ?
Le numérique peut notamment nous
permettre de découvrir, de trouver des informations auxquelles on n’aurait
certainement pas pensé sans. Également, grâce au numérique, le chercheur se
retrouve moins isolé et moins passif. Développement plus important d’un travail
collaboratif (à deux ou à plusieurs). La communication devient de plus en plus
multimodale avec les réseaux sociaux et cela est progressivement intégré au
processus de recherche.
Tout cela entraine une sorte de
démocratisation voir de désenclavement de l’histoire avec une participation
plus importante de l’historien qui devient acteur. Cependant, il faut faire
très attention aux risques de noyade dans l’immensité de l’information numérique.
D’autres questions sont soulevées
sur le fait notamment de savoir si le numérique est un simple genre ou une
vraie révolution.
On voit, en tout cas, de plus en
plus de relations entre les trois acteurs principaux au cœur de la question du
numérique. Les historiens se mettent maintenant directement à créer des informations
numériques. Les bibliothèques également qui détiennent la documentation
analogique veulent mettre en place des politiques de numérisation. Enfin un
dernier acteur qui peut éventuellement être le public (exemple de la
bibliothèque du Congrès qui numérise tous les tweets).
La notion de support pour la
conservation est aussi essentielle car les documents numériques ont besoin de
serveurs qui ne sont bien sûr pas gratuits. On peut dire aussi que
potentiellement il est possible de tout conserver et de tout numériser.
On peut évoquer aussi la manière nouvelle
dont on cherche l’information numérique (moteurs de recherche, recherche
pertinente par mots-clés). Nécessité de faire attention au caractère massif des
articles et des ressources que l’on peut trouver en ligne. Mais également, dans
un dernier temps, on constate la question des documents en Open source et des
nombreux débats autour des droits d’auteur et du Copyright pour protéger le
travail d’un individu et sa propriété intellectuelle. Mais aussi, et c’est un
autre problème qui est quand même lié, la volonté pour les sociétés
commerciales de garder un certain monopole. L’historien devient ainsi un
utilisateur de cela tout en étant également un producteur.
Tous ces questionnements et ces
argumentations sont à prendre en compte lorsque que l’on s’intéresse aux
humanités numériques et c’est ce que je suis parvenu à assimiler tout au long
du séminaire.
De son coté, le mode de fonctionnement du séminaire s’est révélé pour
moi très intéressant avec la création de son propre blog pour faire partager
son travail et ses billets à un grand nombre de personnes en plus des
participants à ce séminaire. Il était possible également par ce biais de suivre
les publications et les travaux des autres participants pour s’en inspirer, les
critiquer ou pour se placer intellectuellement en rapport à eux. J’avais déjà
utilisé et publier sur un blog de ce style mais je n’avais encore jamais crée
et alimenté mon propre blog. J’ai trouvé assez intéressant voir amusant de
mettre en place le blog dont on a envie que ce soit au niveau du design
(couleur, organisation générale, disposition et agencement des signets) mais
aussi au niveau des publications. Des publications certes en rapport au
séminaire, à l’histoire numérique et aux outils liés mais qui permettait je trouve
une assez grande liberté de manœuvre.
On peut également évoquer la mise
en place d’un travail encore plus collaboratif avec un compte Twitter. Ceci a
été adopté pour informer ceux qui nous suivent de nos publications ainsi que pour
faire partager les sites ou encore les publications extérieurs que l’on a
trouvé et qui peuvent se révéler utiles. L’utilisation du Hashtag (Histnum) a
rendu plus facile l’accès aux tweets en les affichant directement sur le blog du
séminaire ce qui évite de se rendre à chaque fois sur Twitter pour consulter
les tweets en rapport avec ce cours.
L’autre grand apport de ce séminaire, qui fut dans l’ensemble assez
nouveau et indispensable pour moi, est la découverte de tous ces outils en
ligne.
Le test de ces nombreux outils a
permis d’abord évidemment de les découvrir alors que pour la plupart d’entre
eux je ne les connaissait pas. Une fois cette découverte effectuée, il était
ainsi possible de constater ceux qui pour nous se révèlent les plus pertinents
ou intéressants mais surtout ceux qui nous paraissent les plus adaptés et que
l’on peut s’approprier dans notre propre recherche.
Je ne vais pas dans ce billet
revenir sur tous les outils découverts, testés, utilisés mais je vais cependant
ressortir quelques outils intéressants et qui sont essentiels à mes yeux.
Dans un premier temps, les outils
de gestion bibliographique sont ceux qui ont retenus le plus mon attention et
qui sont pour moi les plus utiles dans la recherche scientifique.
Au cours du séminaire, j’ai
utilisé et mis en avant le site Librarything. C’est une sorte de réseau social
et d’outil pour cataloguer des livres. On peut y créer son propre catalogue
avec les livres pouvant nous intéresser, qu’on a consulté ou que l’on a lu. On
peut mettre en commun son catalogue en ligne pour communiquer avec d’autres
utilisateurs par différents moyens. On peut rechercher des livres par titres,
par auteurs ou encore par mots-clés. On gère ensuite sa bibliothèque tout en
consultant éventuellement les critiques sur les livres. Cependant un site qui est limité car il
ne gère que les livres donc je pense qu’il est utile également d’utiliser en
plus Zotero. Ce dernier est un logiciel plus complet car l’on peut ajouter
n’importe quel type de document en cliquant sur l’icône à coté de son adresse.
Il est aussi possible de lier les ouvrages entre eux ou encore de prendre des
notes sur ces livres. D’autres fonctionnalités utiles comme transformer une
référence bibliographique dans le format souhaité et ajouter une note en
tant que référence. Mais aussi bien sûr mettre en place un travail plus
collaboratif avec la création de groupe pour partager des références
bibliographiques. Possibilité également de travail hors ligne en installant
l’application Zotero.
Il y a d’autres outils que j’ai
plus particulièrement explorés et dont on peut rapidement parlé. Notamment le
site de partage et d’annotation sur le Web : Delicious. C’est donc
principalement un service gratuit dans le but de sauvegarder puis de partager
des liens (grâce à son URL) ou des marque-pages internet qui nous intéressent sur
le web et que l’on veut facilement retrouver. Il offre également la possibilité de constituer une collection
de liens et à créer son propre moteur de recherche personnel. L’organisation des liens permet de les trouver
rapidement lors d’une recherche. On peut aussi citer les logiciels pour trier
l’information comme TagCrowd, les outils de Mind-mapping (bubbl.us, the Brain,
XMind…) et les sites Web historiques sur le principe d’hypertexte consultés
(entre autres : Los Angeles and the
Problem of Urban Historical Knowledge, Hypertext
History: Our Online American History Textbook ou encore History Wired: A
Few of Our Favorite Things).
L’analyse et surtout la
progressive utilisation des ces outils ont pas mal changé ma manière de fonctionner
et de mener ma recherche. J’utilise encore du papier pour prendre des notes
notamment lors des cours, je consulte des ouvrages et sources physiques.
Cependant, j’ai de plus en plus tendance à rechercher les références numériques
ou alors de numérisés certains documents papier pour les avoir disponibles sur
mon ordinateur. Également lorsque je prends des notes sur les livres, les
sources ou les archives que je consulte ; je prends des notes ou y ajoute
des commentaires directement sur mon ordinateur.
Je pense aussi par ailleurs que le numérique rend la recherche plus
ludique, plus claire et quand même plus facile. A la condition évidemment
d’utiliser une méthode de recherche appropriée pour ne pas se perdre dans la
masse d’informations numérique et d’outils disponibles sur le Web.
En guise de conclusion, je
pense faire parti des historiens qui utilise beaucoup internet et les humanités
numériques dans leur vie au quotidien car ayant commencé plutôt jeune mais encore
assez peu dans leur recherche scientifique et historique. En effet, j’utilise
encore des méthodes analogiques et des versions papier. Cependant, je pense que
cela va progressivement de plus en plus s’estomper. Je pense être encore dans
une importante phase de découverte et d’appropriation de ces techniques tout en
commençant à m’adapter à certains mécanismes et outils du numérique. J’espère
bien sûr ne pas me perdre dans cette utilisation importante du numérique grâce
aux clés de lecture et aux analyses développées au cours du séminaire.
Enfin comme l’évoque Donald Schon, je pense être en train (en
quelque sorte) de mener une expérience ou une expérimentation pour découvrir, comprendre,
utiliser et s’approprier les techniques mais aussi le fonctionnement du monde
du numérique.