1) Dans ces lectures, on se rend très vite compte que le
premier sujet principal est la question de la numérisation.
(Cohen
& Rosenzweig, Digital History, Chapter 3 (Becoming Digital))
Numérisation ?
- Les avantages et les inconvénients de la numérisation
- Les différentes
raisons et les façons dont le
texte peut être numérisé
- Les avantages
et les coûts de marquage de texte
- Les façons
de numériser des images
- Les manières de numériser le son et les images
en mouvement
- Les personnes qui réalisent la
numérisation, les acteurs
Le passé était analogique. L'avenir est numérique. Une quantité étonnante de
l'enregistrement historique analogique est déjà devenue numérique dans la
dernière décennie.
Les nouvelles générations d’historiens
sont de plus en plus formées aux techniques du numérique.
Historiens, bibliothécaires,
archivistes vont entrer dans le jeu de numérisation de peur de se laisser
distancer et d’être mis de côté.
Alors que les données analogiques
utilisent un flux variable et continue, des données numériques sont un
échantillon des données d'origine encodées de manière binaire (1 et 0) sur un
ordinateur.
(comparaison entre la montre-bracelet
et l’horloge numérique).
La numérisation et notamment le
stockage ont un coût important.
Le lieu en puissance qu’est
l'ordinateur permet de baisser le coût du stockage numérique mais également
d’augmenter significativement la vitesse des réseaux informatiques.
À première vue, le débat entre
analogique et numérique semble s'appliquer aux sons et images et non à un
texte, qui a la même qualité d’impression que des données numériques.
Cependant des problèmes comparables
dans la numérisation de texte existent. Question de la densité des données.
Il peut être impossible (ou tout au
moins très difficile) de passer de l'analogique au numérique sans perte
d'information.
La numérisation peut être imparfaite, difficile et coûteuse.
Le numérique met en valeur et développe
l’avantage de l’accès à de nombreuses sources historiques pouvant être
difficiles à trouver.
Le numérique permet aussi aujourd’hui à plus
en plus de personnes d’effectuer des recherches
car les ressources sont facilement accessibles.
2) Ensuite on s’intéresse à la façon de préserver le
passé avec l’évolution des sources et l’aide du numérique (entre rareté et
abondance).
(Rosenzweig,"Scarcity or Abundance? Preserving the Past in a Digital Era," American Historical
Review 108, no. 3 (Jun 2003): 735-762).
Ainsi les historiens doivent penser
simultanément à comment faire des recherches, à écrire et à enseigner dans un
monde de l'abondance historique.
Mais les historiens ont du mal à
prendre en compte ces problèmes « techniques » qui sont pour eux hors
champs des sciences sociales.
Les questions les plus importantes au
sujet de la conservation numérique sont juridiques, sociales, culturelles,
économiques, politiques.
Les historiens peuvent aussi être confrontés à un changement
de paradigme fondamental d'une
culture de la rareté à une culture de l'abondance.
Mais est ce que cette abondance apporte une
meilleure ou une histoire plus réfléchie ?
Changements de méthode des historiens pour
s’adapter à l’abondance des sources historiques.
Des débats entre bibliothécaires,
archivistes et historiens sur les sources et leur conservation.
3) Une nouvelle manière de faire de l’histoire :
l’histoire en ligne.
(Cohen
& Rosenzweig, Digital History, Chapter 6
(Collecting History Online))
Faire de l’histoire en ligne induit des thèmes principaux :
- Utilisation de l'Internet pour recueillir des informations, des faits ou des évènements du passé (Pourquoi
faire de l’histoire en ligne ?).
- Mise en place de projets se prêtant à cette nouvelle méthode de construction d'une archive numérique (aussi grâce à de nombreux outils).
- Volonté de développer l'interactivité dans les sites internet afin que les visiteurs puissent apporter leur participation (leurs souvenirs et
autres documents historiques). La question aussi des acteurs de cette
histoire en ligne.
- On encourage les gens à participer
et à faire de l'histoire dans ce nouveau média.
- Évaluer et améliorer la validité et la
valeur de ces sujets (en
réalisant des études qualitatives).
- Egalement recueillir plus facilement des images et des
récits personnels avec le web. Cela peut être un outil précieux et peu coûteux
pour atteindre les personnes dans le monde qui pourraient avoir des souvenirs
ou des matériaux utiles pour un sujet historique.
Nécessité de collecter et conserver les sources avant
qu’elles ne disparaissent.
4) Les technologies numériques ont des impacts sur les
historiens et leur écriture de l’histoire
(Anderson, "Past Indiscretions: Digital Archives and Recombinant
History," to
appear in Interactive Frictions, ed. Marsha Kinder & Tara
McPherson (2009)).
Les logiques narratives de la base de données et du moteur
de recherche ont donné lieu à
deux mouvements divergents :
-
d’un côté une histoire « totale » autour de
l’Encyclopédie et portée par des concepts d’épistémologie historique.
-
d’un autre côté la volonté d’exploiter le potentiel de
la technologie numérique pour essayer de prendre en compte les visions du
passé.
Les technologies de l'information numérique ont
indéniablement changé la façon dont les données historiques sont saisies, traitées
et diffusées.
Les bases de données et les moteurs de recherche sont les
principaux mécanismes d'organisation et de diffusion de l'information dans les
réseaux numériques.
Les technologies numériques ont permis une recombinaison
dans la construction historique.
Histoire numérique
Comme l'émergence
de l'appareil photographique qui modifie au 19 ème
siècle les perceptions du monde, les outils numériques de plus en plus puissants pour stocker
et récupérer des informations historiques influent maintenant la
façon dont le passé est conçu
et reconstruit.
La portée mondiale et
la capacité pratiquement illimitée de l'Internet a inspiré les universités, les bibliothèques et les
archives pour se positionner en
tant que distributeurs plutôt que simplement conservateurs de l'information. En conséquence, les ressources
institutionnelles sont de plus en
plus dirigé vers la numérisation et à l'organisation de l'information historique dans les bases de données qui sont accessibles via les réseaux informatiques publics et propriétaires.
Avec l'incorporation de
visuels (film, vidéo, télévisées) historiques dans les programmes universitaires, les
historiens ont commencé à reconnaître la
puissance de la représentation cinématographique. La
reconstruction historique dans les films.
En termes pratiques, les implications de la technologie
numérique pour l'archivage ont surtout porté sur les questions techniques et la
meilleure façon de conserver ainsi que de diffuser des informations historiques
en utilisant les réseaux en pleine expansion. Des débats importants ont émergé
autour des questions de propriété intellectuelle et le contrôle des images
d’archives (films, enregistrements vidéo et sonores). Surveillance par des
sociétés (Fondation Long Now : conservation de la culture numérique,
Fondation Electronic Frontiers : promeut la liberté d'expression dans le
domaine numérique).
Archives totales, histoire et mémoire
Les histoires numériques changent la perception du rôle de
l’historien. L'historien de
l'ère moderne est souvent caractérisé comme un détective ou un esprit
professionnel formé pour rechercher et juger de l'authenticité des preuves
historiques, des objets et des témoignages.
Mais il
doit quand même maintenant composer avec la construction de bases de données, l'accumulation d'énormes volumes d'événements
historiques, des faits et des images.
La
question de l’histoire dans les films. Enregistrements vidéo avec des témoins
accessibles (histoire orale, documentaire). Interrogation
sur le rôle de la mémoire.
La responsabilité de prévenir
l'effacement, l'oubli ou le déni de l'histoire.
C'est dans l'interaction active
entre mémoire et oubli (ce qu’Andreas Huyssen a appelé «oubli créatrice») que le sens
historique est construit.
5) Différentes études et exemples liés à la numérisation
et à la conservation.
- (Lyman
& Varian, "How Much Information? 2009 Report on American Consumers, UCSD: Global Information Industry
Center, pp. 8-14).
Une analyse quantitative, précise et poussée
de la consommation d’énergie numérique aux Etats-Unis en 2008 avec un principe
d’estimation et d’extrapolation.
Quelle quantité d'informations a été consommée par des personnes aux États-Unis en 2008? Les statistiques
comprennent des informations consommées à la
maison comme à l'extérieur de la maison
avec des motifs d'aller au cinéma, écouter la radio dans
la voiture, ou de parler sur un téléphone portable. Il ne comprend pas
d'informations consommées
par des personnes en milieu
de travail.
Quelques conclusions pour les Etats-Unis sur
l’utilisation de l’information numérique ces 30 dernières années (depuis
l’apparition du premier ordinateur en 1981) :
- Les Américains passent une énorme quantité
de temps à la maison à recevoir des informations numériques (moyenne de 11,8 heures par jour).
- Les octets d'informations consommées par les
américains ont augmenté de 5,4 % chaque année depuis 1980 (beaucoup moins que la croissance du taux de la technologie informatique).
- Environ 3,6 zettabytes (ou 3600 exaoctets)
d’informations consommées dans les maisons américaines en 2008. Les Américains passent 41 % de leur temps (consacré à l'information numérique) à regarder la télévision. Mais cela représente moins de 35 % des octets d’information.
- Les jeux informatiques et
vidéo représentent 55
% de tous
les octets d'information consommés à la
maison, parce que les consoles de jeux modernes et PC de créer d'énormes flux de graphiques.
Ils écoutent aussi la radio.
Cette étude montre bien l’importance et
l’ampleur de la consommation de technologies numérique en général à travers
cette étude aux Etats-Unis.
- (Wilkinson,
"Remember This? A Project to Record Everything We Do in
Life," The
New Yorker (28 May 2007)).
Gordon Bell veut numériser et conserver ses archives avec
l’aide de collaborateurs.
Les archives de Bell contiennent cent vingt-deux
mille e-mails, 58 000 photographies, des milliers d'enregistrements d'appels
téléphoniques qu'il a faites, chaque page Web qu’il a visité. Il a aussi
conservé depuis 2003 toute l'activité de son bureau (par exemple les fenêtres
qu’il a ouvert), huit cents pages de dossiers de santé (y compris des informations sur la vie de la
batterie dans son stimulateur cardiaque), les livres qu'il a écrits ou ceux de
sa bibliothèque, les étiquettes de
bouteilles de vin dont il a joui ou encore l'enregistrement d'un voyage à vélo
à travers la Bourgogne.
Bell est un ancien ingénieur puis
chercheur pour Microsoft à San Franscisco.
Les archives de Bell comportent deux
sections : une partie historique et une partie contemporaine.
Bell se rend compte qu’il faut ajouter
des matériaux contemporains à ses archives (images SenseCam).
Question du partage de ses archives
personnelles.
Dans l'article que Bell a écrit en 2001
pour annoncer qu'il avait terminé la première partie de ses archives, il est dit
que l'obsolescence des logiciels et de la technologie était une menace pour une
archive de l'ordinateur
- (Daniel H. Pink, "Folksonomy,"
New York Times (December 11, 2005)).
En 1876, Melvil Dewey a élaboré une
méthode élégante pour classer les livres du monde. Le système décimal Dewey
divise les livres en 10 grandes disciplines, en plusieurs centaines de
sous-zones et attribue ainsi à chaque volume un nombre précis.
Mais sur Internet, une nouvelle
approche de la catégorisation est en train d'émerger. Thomas Vander Wal, un
architecte de l'information et développeur Internet, a surnommé folksonomie le
principe de taxonomie.
Une folksonomie commence avec un marquage qui permet de
catégoriser.
La force cumulée de toutes les balises
individuelles permet de produire un système auto-organisé pour la
classification des matériels numériques.
C’est un principe où tout le monde peut participer sans être
spécialiste.
Cette folksonomie peut s’appliquer à différents domaines
comme les catalogues de musées ou le classement des livres dans les sites
(exemple Amazon).